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       Que nous conseille l'opinion quant à la conduite à tenir vis-à-vis du désir ? La postmodernité flatte la recherche du plaisir. Nous sommes largement encouragés de donner satisfaction à tous nos désirs. "Vivre ses désirs" est dans le monde actuel une formule publicitaire assez banale. Nos mœurs n'ont pas une forme répressive, ils seraient plutôt très largement laxistes. Nous partageons d'emblée l’opinion selon laquelle le bonheur, c’est la satisfaction de tous les désirs. La libération sexuelle a apporté l'idée qu'il ne fallait surtout pas réprimer, qu'il fallait même exprimer le désir, exprimer ses désirs et se borner à les suivre. Celui qui voudrait réprimer ses désirs serait vu dans notre monde comme une sorte d'exception étrange à une règle commune qui enseigne le contraire .

     

        Pourtant, de loin en loin nous faisons aussi l’expérience de ce que la multiplication des désirs engendre aussi l’insatisfaction, le dégoût et l’ennui. " Plus le désir avance, plus la possession véritable s’éloigne ". Fatigué de désirer en restant mécontents, nous serions presque en désespoir de cause tentés de dire avec Proust : " si le bonheur ou du moins l’absence de souffrance peut-être trouvé, ce n’est pas dans la satisfaction, mais dans la réduction, l’extinction progressive finale du désir qu’il faut chercher ". L’ascétisme serait alors la véritable morale du désir.

    La question est donc :

    Le bonheur est-il dans la réalisation ou dans la suppression des désirs ?

     


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